Le mobile en fiction c’est un élément central qui assure toute la crédibilité et le paiement final d’un récit. Il ne peut pas être négligé, c’est-à-dire trop faible, trop artificiel ou inadapté.
« Une vie sans épreuve, c’est comme un crime sans mobile. »
Nouredine Meftah
“Tout motif est doublé de mobiles.”
Edmond Goblot
On associe très rapidement un « mobile » à un récit du type polar. Toutefois, le mobile s’applique à tous les genres d’histoire. Le mobile est un des engrenages de la mécanique de votre récit, il est assez central et contribue au déclenchement de l’histoire, ainsi qu’à sa résolution.
Pour bien comprendre l’importance de ce dispositif, il faut imaginer la force du mobile, capable d’engager une motivation faisant sauter tous les garde-fous d’un personnage qui pourrait être votre meilleur ami, inoffensif et pacifiste, jusqu’à tuer une personne proche de vous. En vous mettant à sa place, vous pourrez évaluer la force du mobile que vous concoctez. Est-il suffisamment solide ? Est-ce crédible ? Est-ce que les lecteurs vont y croire ?
L’exemple du crime est assez démonstratif dans le sens où il constitue l’acte ultime, le plus redouté par l’être humain : retirer la vie. La réflexion autour du mobile se doit d’être mûrie. Vous devez pouvoir exposer le mobile de façon efficace, simple, et avec le minimum d’explication. Réussir à extraire le mobile, à le faire émerger, évitera de nombreux écueils par la suite.
Le choix du mobile
Les mobiles les plus spectaculaires ne font pas nécessairement les meilleures histoires, c’est peut-être même un doux poison que de penser l’inverse. Plus il y a de spectaculaire dans le mobile, plus il faudra être brillant sur l’aspect émotionnel pour compenser. Une démonstration spectaculaire est attribuée à l’auteur de l’histoire, mais quid de son personnage ? Il s’efface derrière son créateur ? L’inverse serait certainement du meilleur effet pour le lecteur. Le lecteur s’intéresse davantage au personnage de l’histoire qu’au romancier qui en est l’auteur.
Méfiez-vous des mobiles trop éblouissants. Le mode plein phare fait plisser les yeux, comme le soleil direct brûle la rétine. En revanche, surprendre le lecteur avec un personnage mu par un mobile simple, implacable, mais qui déclenche une motivation profonde pour passer à l’acte, assurera un déroulement fiable du récit et un paiement final probablement plus fort.
Le mobile étant la clé de voûte de votre récit, capable de nourrir et assurer la progression de l’histoire, il est donc indispensable de vous focaliser dessus, de le bombarder de questions afin de sortir ce qui vous touche et vous motivera jusqu’à écrire le mot « fin » de votre roman.
Éventail des mobiles possibles
Depuis que l’humanité existe, que la conscience d’individualité et de groupe s’est formée, puis qu’un vernis de socialisation s’est ajouté, avec tous les codes que nous connaissons, les mobiles profonds restent pourtant les mêmes. Inutile donc d’aller chercher ailleurs, puisque ce cœur de mobiles est celui qui nous touche tous. Votre « voix » et « créativité » d’auteur devront apparaitre dans la façon d’exploiter ces mobiles.
Les mobiles peuvent se rassembler dans la liste des catégories suivantes :
Catégorie « faible »
- La folie (psychose, drogue…)
- Accident (drame, conflit…)
Catégorie « moyenne »
- Politique (pouvoir, convictions…)
- Argent (héritage, frustration…)
Catégorie « forte »
- Passionnel (amour, jalousie, haine…)
- Vengeance (trahison, injustice…)
- Protection (défense, amour…)
Tout l’art de l’auteur sera ensuite de composer l’écheveau de son récit en combinant les mobiles additionnels autour d’un mobile principal. Ainsi, l’auteur créé un maillage fort et puissant, en correspondance aux caractérisations des personnages, pour appuyer là où ça fait mal. Mis sous pression, les personnages sortent de leur zone de confort, provoquent et réagissent face aux conflits.
Lier le mobile principal aux thèmes du récit
Une fois le mobile principal en place et l’enrichissement avec des combinaisons d’autres mobiles et personnages secondaires, il est de temps de connecter ce dispositif avec le ou les thèmes, et l’arène de votre récit.
Si vous choisissez le mobile de la vengeance, et que vous souhaitez traiter d’abus de pouvoir en entreprise, faites-en sortes que tout ce qui va toucher votre thème s’accorde avec le mobile. L’exemple de l’histoire de la série Dérapage (ARTE) montre un cadre au chômage qui ne parvient plus à trouver d’emploi, à cause de son âge. Il accepte une proposition abusive, et retourne la situation terrible contre ses employeurs. Dans cette histoire, les mobiles secondaires respectent parfaitement les règles et se déclinent tous avec le thème. L’épouse qui se veut protectrice avec son conjoint qui se retrouve dans une situation catastrophique. Leur amour est en jeu, comme celui des enfants.
À partir de ce moment dans votre travail, avec un mobile solide, et une très forte motivation, tout peut conduire à l’élément déclencheur qui va provoquer le drame du départ dans votre récit.
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La meilleure idée de roman ou comment se creuser la tête
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Objectifs clairs et atteignables. En mettant en pratique les conseils de Samuel, avec deux exercices à réaliser.
Idée de développement
Très bonne formation, très complète. Encore merci pour ces précieux conseils !
Si je peux me permettre, j’ajouterais éventuellement une vidéo supplémentaire pour approfondir la partie Plan / Structure d’une intrigue.
Vous pourriez par exemple ici expliquer (en résumé) la célèbre structure « Save the Cat » et ses 15 points clés (ou « beats » en VO) selon Blake Snyder. Et donner à télécharger en bonus une visualisation des 15 points clés par exemple (ou leur liste avec une petite explication de chaque point).
Cela m’a beaucoup aidé pour m’assurer d’avoir une intrigue qui tient la route, tout en restant « drivée » par mes personnages. Mais ce n’est qu’une suggestion bien sûr… 🙂
Encore bravo pour ces précieux conseils !
Pro et chaleureux !
Les conseils de Samuel sont une mine d’or. Il comprend et motive ses élèves, les accompagnent avec bienveillance et sait se montrer disponible. Un excellent professeur !
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Le contenu est précis et progressif, il permet de bien s’approprier la technique et de la déployer dans son propre univers. Très utile ! Le plus : des échanges enrichissants avec Samuel Delage en commentaires. 😉
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3 réflexions au sujet de « Le mobile en fiction »