Comment créer de bons suspects en polar ? Techniques d'écriture

Comment créer de bons suspects en polar ?

Vous avez votre victime ? Vous avez votre criminel ? Vous avez votre crime : mobile, motivation et modus operandi ? Alors il ne vous manque plus que vos suspects.

C’est dans l’ordre mentionné ci-dessus qu’il convient idéalement de préparer votre récit à suspense. On ne le rappellera jamais assez, c’est à partir de la caractérisation soignée de la victime, puis du criminel, puis dans la mise en place du crime : mobile, motivation et modus operandi que votre dispositif aura les meilleures chances de convaincre et d’apparaitre comme vraisemblable. Sur ces bases solides, il ne reste plus qu’à consolider l’ensemble avec de bons suspects.

S’il y a une chose que j’ai retenue, c’est que le coupable est souvent le suspect le plus improbable
Mary Higgins Clark

Je suis un écrivain et donc automatiquement un personnage suspect.
Alfred Hitchcock

Plus vos suspects sont présents plus votre intrigue sera addictive. Le lecteur s’accroche à chaque suspect et l’analyse de pied en cap. Ne badiner pas avec vos suspects, ils ne sont pas des figurants faux-coupable, ils ont leur part d’ombre, de mystère et de comportements répréhensibles. Un bon suspect n’est pas tout blanc. Par ailleurs, il sera suspecté plusieurs fois et ne dira pas tout, car il a des choses à cacher. Un suspect qu’on utilise une fois et qu’on jette à la suite du premier interrogatoire n’a pas sa place dans un récit. Il doit donner davantage à l’histoire.  

Secrets de création d’un bon suspect 

Chaque suspect doit être construit en amont du récit, car ils mènent sur de fausses pistes, mais ces dernières ne doivent pas être des culs-de-sac. Le lecteur accorde du temps et de l’attention au suspect, persuadé qu’il peut tout à fait être le criminel. Le lecteur se sait manipulé par l’auteur, mais il accepte le deal tant que l’auteur, vous, lui assurez que la piste que vous lui faites suivre a tout pour être crédible. Le lecteur sait, espère, que ce suspect reviendra peut-être plus tard pour le surprendre et qu’il pourrait être le coupable. Quel sentiment éprouverait le lecteur si vous l’emmenez dans une impasse sans rien avoir appris de nourrissant avec un suspect 100% fausse piste ? Le lecteur serait frustré, persuadé d’avoir perdu son temps. Serait-il prêt à suivre vraiment le prochain suspect ? Pas certain. Il se démotiverait peut-être plus vite que le flic qui mène l’enquête. C’est pour cette raison qu’un suspect n’est jamais tout blanc, et surtout qu’il doit apporter des informations capitales pour la suite de l’enquête, même s’il ne sera qu’un suspect et pas le coupable au final. Le lecteur aura alors la satisfaction, comme le flic, de ne pas avoir bossé pour rien, et que son travail paie, quand bien même il serait encore loin de boucler son enquête.

C’est donc pour ces raisons qu’un suspect doit idéalement être conçu dès le départ, bien pensé, testé, en se posant toutes les questions qui le rattachent prioritairement aux éléments du crime, mobile, lieu, date, alibi, modus operandi… soit à la victime ou à d’autres suspects. Construire un suspect de paille au fil de l’intrigue pour combler un vide laissera une trace très visible pour le lecteur. Cela sonnera faux, et c’est la meilleure façon d’installer malgré vous des incohérences ou des faiblesses dans votre récit.

Les suspects, faites votre marché

La construction du dispositif criminel en amont du récit peut s’avérer être délicate et parfois ingrate, mais elle paie au moment de la rédaction. Si vous avez le vertige devant votre page encore blanche au moment de concevoir les suspects, rappelez-vous que votre travail préalable sur la victime, le criminel, le mobile, les motivations du tueur et le modus operandi sont là pour vous servir. C’est sur la base du mobile plus précisément qu’il est souhaitable de vous appuyer pour créer vos suspects. De cette façon, vous êtes certain de jamais sortir des rails de votre intrigue. Tout sera organique et plus crédible. Cela vous force à créer uniquement dans le bon sens, sans dériver. Le moindre écart à la base du récit peut fragiliser toute la structure. Circonscrire votre force et votre pouvoir créatif dans le périmètre du mobile, sans déborder de l’arène et du dispositif criminel vous assure cohérence et vraisemblance. Cela est encore plus vérifiable dans le cas d’épisodes de séries policières, car le temps est très limité pour parler de chaque suspect. Il faut donc viser juste et aller droit au but. Si le roman offre de l’aisance, il expose l’auteur à des dérives encore plus dramatiques. La vigilance est donc de mise. Les suspects sont comme des wagons bien accrochés à votre « train » du crime.

Précision : un bon suspect est composé de plusieurs connexions avec l’histoire. Idéalement la première accroche doit se faire avec le mobile, puis les autres avec des liens familiaux par exemple, ou dans le cadre professionnel. L’important est de mettre au premier plan ce qui servira le plus à l’enquête et qui impliquera le suspect de près au crime.

Dans tous les cas, vos caractérisations de suspects devront pouvoir s’exprimer clairement, avec un mobile possible pour tuer la victime, et une motivation que devra déterminer le flic. Tous les alibis et éléments techniques susceptibles de démontrer que le suspect avait les moyens d’agir feront le reste dans les intrigues.

Exemple mobile / motivation

Un homme est retrouvé mort, assassiné. La femme de la victime est très vite suspectée. L’homme avait été vu quelques heures plus tôt dans les bras d’une autre femme. Le mobile est clair, la femme trompée peut vouloir se débarrasser de son mari. L’enquête avance, le couple est libertin depuis des années, la motivation de la femme n’a plus de raison valable, le mobile tombe. Il faut chercher ailleurs.

Dans cet exemple, la combinaison du mobile et de la nécessité d’une motivation cohérente est mise en évidence. On pourra revenir suspecter l’épouse, mais seulement sur la base d’une autre motivation ou d’un autre mobile. Grâce à la femme, nous apprenons le libertinage du couple. Peut-être qu’un autre suspect se trouve parmi leurs fréquentations ?

La construction des suspects doit naturellement graviter le plus possible autour de la victime, avec un mobile fort. L’unique différence entre les suspects et le criminel c’est le passage à l’acte, mais chaque suspect doit être à un fil de tuer. Ainsi, votre lecteur sera captivé et doutera jusqu’au dernier moment. Il conviendra également de décliner des mobiles variés et si possible en cohérence avec le thème du récit, pour chaque suspect.

Le filtre du modus operandi

Pour verrouiller votre crime, assurez-vous que le modus operandi que vous avez mis en place au préalable puisse également fonctionner pour vos suspects.

On s’aperçoit que commettre un crime est un véritable travail d’artiste, du moins si on espère passer entre les mailles de la justice. Mais c’est dans la complexité, la ruse, et l’opportunisme que le suspense, en fiction, prendra forme.

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2 réflexions au sujet de « Comment créer de bons suspects en polar ? »

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