Joel Dicker conseils écriture

Joël Dicker conseils d’écriture

RTL a proposé plusieurs échanges avec Joël Dicker autour de ses secrets d’écrivain et de sa pratique de la discipline.

L’envie d’écrire

Joël Dicker rappelle que ses conseils sont le fruit de sa propre expérience, et que chacun peut librement puiser dans les habitudes et recommandations d’autres auteurs. C’est en éprouvant les méthodes et les façons de faire, parfois très différentes, qu’on se forge sa propre méthode. Celle qui, au final, nous correspond le mieux, et pourra évoluer de livre en livre.  

La première étape c’est l’envie. Il faut l’écouter et la suivre. Joël Dicker propose une analogie avec l’appétit. Si la faim est là, mais que rien ne donne envie dans le réfrigérateur, vous serez tenté de vous rendre au supermarché. L’envie est le moteur qui vous porte. Et cette envie doit être forte, car le processus d’écriture peut durer des mois, voire des années.

Quand on pose la question à Joël Dicker « Comment est né votre envie, notamment pour l’écriture de « La vérité sur l’Affaire Harry Québert », il répond déjà que « La vérité sur l’Affaire Harry Québert » n’était pas son premier roman, et que, surtout, tous ses précédents avaient été refusés par les éditeurs. Mais malgré les refus, il s’est toujours remis au travail, ce n’était pas par courage, mais par envie. Cette envie n’empêchait pas le sentiment de déception, mais elle était si forte qu’elle dépassait l’obstacle des refus. Joël Dicker indique qu’il est plus facile de ressentir l’envie quand on accumule les refus, parce qu’elle pousse à lutter, alors qu’une fois que le succès est là, l’envie se retrouve parfois dissimulée derrière.

L’importance de l’intrique et du sujet

Joël Dicker partage l’idée qu’on est libre de raconter tout ce qu’on veut. Raconter une histoire qui tient à cœur, car il faut la porter, la défendre, et cela pendant des mois, voire des années, au cours du processus d’écriture. Il faut être capable de pouvoir l’expliquer clairement, et la partager avec simplicité. Il faut croire en son intrigue et la magnifier, trouver l’angle qui va toucher, en s’appuyant autant que possible sur les émotions.

Place à l’imagination ou à la réalité ? Selon l’auteur, les deux. Il est, pour ce qui le concerne, très porté sur la fiction, et souligne un point de vigilance si on s’appuie trop sur son vécu, car l’histoire peut toucher plus fortement à titre personnel, et les retours de lecteurs peuvent être plus délicats à recevoir.

Les personnages, les lieux et les décors

Les personnages sont plus forts que l’intrigue. Une histoire peut être un peu plate, avec des intrigues faibles, du moment que les personnages existent, avec intensité, alors le livre sera prometteur.

Dans un grand roman, tous les personnages ont raison. Les personnages doivent chacun défendre leurs points de vue. Et nous devons les comprendre. Les personnages ce sont des amis, qu’on connait bien, et nous les aimons, malgré leurs défauts. Il faut parvenir à raconter les personnages avec leurs secrets, leurs difficultés, leurs douleurs. C’est ce qui les rend humains. Même les antipathiques. Souvent d’ailleurs, ils sont les meilleurs personnages. Il faut qu’ils détonnent. Il faut réussir à humaniser même les méchants. Qu’on les aime un peu malgré tout.

Il faut que les personnages se racontent par eux même. Il n’est pas nécessaire de les décrire avec trop de précisions. Au-delà des actions, il faut appuyer sur leurs intentions.  

Le décor de votre histoire est fondamental, car il installe le récit, soit on le connait soit on l’invente. Ce qui va compter c’est la crédibilité qu’on parvient à transmettre. En s’imprégnant d’émotion, même les lieux inventés deviennent réels. Ne pas passer trop de temps sur Google Maps pour se noyer dans les précisions. Le roman c’est le territoire de l’imaginaire. Le contrôle des faits, importants pour l’information, peut parfois mettre à mal le récit. Il est préférable de trouver un juste équilibre.

La vérité romanesque n’est pas celle de l’exactitude, car c’est notre vérité qui est la meilleure pour la fiction, à la fois pour l’auteur comme pour le lecteur.

Faut-il être un lecteur assidu pour savoir écrire ?

Oui, oui et oui. Lire de tout, dans tous les genres, essayer les classiques comme les romans contemporains. Le cerveau est un muscle qu’il faut entraîner. Plus on l’utilise, plus on peut l’utiliser ensuite. Tout ce qu’on va lire, voire, visiter, aimer, ne pas aimer, s’emmagasine en nous, et nous permet de faire vivre notre inspiration. Et c’est en allant voir tout ce qu’on aime et surtout ce qu’on n’aime pas, qui nous permet de mieux distinguer ce qui nous définit et joue avec nos émotions.

Risque-t-on d’être trop influencé ? Non, pas dans la mesure où nous écrivons ce qui se rapproche de ce qu’on est. Nous faisons le mieux de ce que nous sommes au moment où nous l’avons écrit.

Ken Follett, mais aussi et surtout Romain Gary (pilote de Guerre, ambassadeur, 2 fois lauréats du Prix Goncourt) ont été des sources d’inspiration pour Joël Dicker, « La promesse de l’aube », « Les racines du ciel », « Chien blanc ». Romain Gary pousse à écrire, il est inspirant.

Un lieu à soi pour écrire

Quand faut-il écrire ? Où faut-il écrire ? Ce qu’il faut trouver, c’est ce qui nous convient le mieux, ce n’est pas évident, il faut peut-être expérimenter. Quel moment ? Le matin, tôt, le soir, tard ? Joël Dicker est du matin, il démarre à 4h, mais à 21h il est couché. Trouver votre heure c’est important. Puis le lieu, un café, un bureau, un endroit isolé, un lieu bruyant… il faut tester. Joël Dicker a besoin de calme, un bureau à quelques pas de chez lui. Il écrit en musique, qui le protège de tout, comme dans une bulle, pas de musique avec des paroles françaises, soit de l’anglais ou sans paroles, du Jazz. Surtout éviter le pire ennemi « le téléphone portable »… le ranger, le temps d’écrire un peu.  

Faut-il avoir un premier lecteur de son texte

Oui et non, cela peut aider, cela peut donner une direction, mais il en faut un qui est à la fois dur et juste. Il faut quelqu’un avec un regard assez sévère, mais acceptable. Trop d’avis peuvent perdre l’auteur. Au final, c’est votre texte, c’est à vous de retenir la bonne direction, celle qui vous correspond, celle qui vous satisfait.

La première lectrice de Joël Dicker est une femme avec qui il travaille depuis déjà plus de 10 ans, à l’époque des Éditions de Bernard de Fallois. Cette lectrice arrive faire abstraction des versions précédentes et elle est en mesure de donner un nouvel avis à chaque fois.

Quand est-ce qu’on sait qu’on a terminé notre écriture ? On sait qu’on a terminé parce qu’on le ressent. Tout a été dit, la fin est posée. Cela dit, même après le point final, il y aura toujours une perception de possibilité d’améliorer le texte, mais il faut savoir dire stop et passer le relai à un éditeur.

« Un bon livre, c’est un livre qu’on regrette d’avoir terminé. ». Cela veut dire que ça valide le travail d’auteur.

Comment se faire éditer ?

D’abord il est important de choisir l’éditeur à qui on adresse le roman, en fonction de son catalogue, de sa ligne éditoriale. L’envoyer n’importe où est une mauvaise idée. Une perte de temps pour les éditeurs et pour l’auteur.

Dans la lettre d’accompagnement, il convient d’expliquer le livre, votre démarche, les références de votre texte. Mettez l’eau à la bouche à l’éditeur. Cibler l’envoi, à une personne en particulier dans la maison d’édition. Cela donne plus de chances, c’est moins anonyme. Un envoi papier est apprécié, en le rendant agréable à lire, c’est-à-dire aéré, imprimé sur des rectos simples. Bien souvent les consignes propres à chaque éditeur sont mentionnées sur leur site internet.

Pensez à ne pas envoyer vos textes uniquement aux grands éditeurs. Adressez-les aussi aux maisons d’éditions plus confidentielles, elles travaillent également très bien et peuvent soutenir des auteurs.

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