Une fois les profils de la victime et du tueur mis en place, ainsi que le mobile et les motivations associées, l’étape ultime pour parfaire votre dispositif criminel est le modus operandi.
« C’est fou ce qu’un détail peut avoir son importance quand on s’y attache. »
Peter Falk
« Vous avez voulu créer le parfait alibi, et c’est votre parfait alibi qui vous a trahi. »
Peter Falk
Il n’est pas vain de rappeler qu’après tout le travail soigné que vous aurez apporté sur la caractérisation de la victime, puis du criminel, ainsi que le choix stratégique du mobile principal, associé à votre thème, vous devez maintenir le même niveau d’exigence pour le modus operandi.
Avec la caractérisation de la victime, du tueur et la mise en place du mobile, vous avez réalisé la première étape qui correspond au « Pourquoi ? » : pourquoi cette victime ? Pourquoi cet assassin ? Pourquoi ce crime ?
La seconde étape correspond à présent au « Comment ? » : le modus operandi. Là encore vous ne devez pas décevoir. Avant même de réfléchir à votre stratagème machiavélique, posez-vous la question à propos du degré de criminalité souhaité. Est-ce un accident dramatique du type homicide involontaire en voiture alors que le conducteur respectait toutes les règles de sécurité ? Est-ce un accident suite à un conflit qui a dégénéré ? Est-ce un crime prémédité et exécuté de sang-froid ? Est-ce un crime commandité ?
À ce stade les choses deviennent sérieuses, c’est à ce moment que vous conditionnez un pan entier de la crédibilité et de la vraisemblance de votre récit. Si le modus operandi n’est pas en béton armé, il sera délicat de revenir dessus sans provoquer de nombreux dégâts collatéraux, notamment avec les suspects.
Pour assurer votre modus operandi, entrez dans la tête de votre criminel, chargé de toute la motivation et du mobile que vous aurez créé au préalable. Cela vous permettra une fois de plus de vérifier si le dosage est suffisant pour passer à l’acte que vous vous préparez à commettre. Dès lors, il vous faut établir avec précision tout ce qui va se produire pour en arriver au crime. Dans quel lieu précis se déroule le crime ? À quelle heure précise se passe le crime ? De jour, de nuit ? Y aurait-il des témoins potentiels, ou caméras (activées, désactivées) ? Le tueur utilise-t-il une arme ? Crime à mains nues ? Meurtre par empoisonnement ? Exécution criminelle via un dispositif ingénieux ? Est-ce un piège tendu ? Est-ce en exploitant une des habitudes de la victime ? Que font les autres personnages du récit au moment du crime ? Quels alibis pourront-ils utiliser, en auront-ils tous ? (surtout vos suspects). Le criminel efface-t-il ses traces, toutes ? Dans quel état laisse-t-il la victime ? Y a-t-il une mise en scène ? Quel alibi le criminel a-t-il prévu ? La météo joue-t-elle un rôle, pluie, vent, orage, froid ? Quelles seront les analyses possibles de la police une fois sur place ? Dans quel état émotionnel se trouve le criminel juste après son acte ?
Une fois le modus operandi mis en place, avec un grain de sable identifié, qui ne sera pas visible tout de suite pour le lecteur, mais utile et exploité par les enquêteurs, il conviendra de consolider cet aspect avec le comportement et les agissements du criminel juste après son acte. Là encore, vos choix sont décisifs quant à l’implication émotionnelle qui paiera à la fin de l’histoire. Est-ce que la victime a été abandonnée avec le doute de la mort effective ? (dans le cas où le criminel agissait sans être reconnu). Est-ce que le criminel s’est acharné avec détermination sur sa victime ? Ces détails soulignent les caractérisations du criminel et de la victime. C’est seulement en effectuant le travail sur le modus operandi après avoir caractérisé la victime et le tueur que l’ensemble sera vraisemblable. Si l’auteur revient après coup sur les caractérisations pour « arranger » le modus operandi, le risque sera grand de compromettre l’émotion naturelle attendue. L’ordre de construction permet d’éviter les écueils, et il suit la mise en place « naturel » de ce qui pourrait se produire : une victime qui peut provoquer ce qui va lui arriver, un criminel qui va le devenir, car un mobile se met en place, puis le pousse à agir, avec ou sans préméditation (sa très forte motivation).
Sur la base d’une construction solide, victime, criminel puis modus operandi, vous pourrez choisir habilement le ou les grains de sables à dissimuler dans votre récit pour permettre aux policiers ou au personnage principal de progresser dans l’enquête, au rythme graduel qui correspond à la dramaturgie du médium sur lequel vous travaillez, romans ou série TV.
Les grains de sable peuvent être des combinaisons d’erreurs que la police scientifique va relever, et des comportements psychologiques qui confondront le criminel.
Cet article amène ensuite à une autre partie importante, celle des fausses pistes et des suspects.
Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir un guide gratuit avec 10 règles fondamentales d’écriture et les MasterClass que je propose.
Formation claire, concise et précise.
Objectifs clairs et atteignables. En mettant en pratique les conseils de Samuel, avec deux exercices à réaliser.
Très bonne formation, très complète. Encore merci pour ces précieux conseils !
Si je peux me permettre, j’ajouterais éventuellement une vidéo supplémentaire pour approfondir la partie Plan / Structure d’une intrigue.
Vous pourriez par exemple ici expliquer (en résumé) la célèbre structure « Save the Cat » et ses 15 points clés (ou « beats » en VO) selon Blake Snyder. Et donner à télécharger en bonus une visualisation des 15 points clés par exemple (ou leur liste avec une petite explication de chaque point).
Cela m’a beaucoup aidé pour m’assurer d’avoir une intrigue qui tient la route, tout en restant « drivée » par mes personnages. Mais ce n’est qu’une suggestion bien sûr… 🙂
Encore bravo pour ces précieux conseils !
Les conseils de Samuel sont une mine d’or. Il comprend et motive ses élèves, les accompagnent avec bienveillance et sait se montrer disponible. Un excellent professeur !
Le contenu est précis et progressif, il permet de bien s’approprier la technique et de la déployer dans son propre univers. Très utile ! Le plus : des échanges enrichissants avec Samuel Delage en commentaires. 😉
court, pédagogique et efficace. Très satisfaite de cette masterclass.
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