Chroniques livres

Interview auteur, écrire un roman

Dans cet article je réponds à l’interview de Laurence Briand, comédienne et lectrice, au sujet de ma façon d’aborder l’écriture.

Interview disponible et en vidéo et complétée avec le texte de cet article.

Point de départ d’un roman ? Qu’est-ce qui motive l’écriture ?

Pour moi le point de départ d’un roman c’est toujours un moment d’excitation, d’enthousiasme, et la projection dans une histoire avec de nouvelles découvertes de personnages, de mystères, de secrets et de surprise. C’est un peu comme les jours juste avant Noël quand on a 10 ans. Et cette énergie-là elle est déterminante pour la suite. Et extrêmement précieuse parce que c’est cette force qui va m’emmener jusqu’au bout du récit. C’est d’ailleurs un peu comme ça que j’éprouve l’idée d’un roman, en évaluant la force de ce qui m’emporte dans un nouveau projet. C’est un processus se prolonge sur plusieurs jours, et je fais même en sorte de penser à d’autres projets, m’aérer, courir, m’évader pour voir si le premier projet revient et ne me lâche pas. Si j’y pense tout le temps, et qu’aucun autre sujet ne parvient à interférer, c’est plutôt bon signe. L’idée c’est d’être sûr que mes RDV avec ce projet pour les mois à venir vont être explosifs, entêtants, haletants et que quoiqu’il arrive je serai sur mon clavier tous les jours avec les personnages et les intrigues en tête.

Je commence toujours par un jeu construction et de mise en place d’une structure. Comme pour l’écriture de séries TV. Positionnement de personnages, caractérisation, arches principales, j’essaie différentes formules. Et puis après avoir gratté quelques ébauches de structure, j’écris tout de suite quelques pages, le début de l’histoire, un chapitre, simplement pour goûter les personnages, l’ambiance, l’univers. Une première visite, sans contrats encore avec les personnages, ni avec l’arène ou l’intrigue générale d’ailleurs, mais juste pour vérifier que l’idée générale est solide. Et puis une fois lancé, je veux tout savoir des personnages, du comment ils vont se débrouiller pour arriver à la fin, atteindre leurs objectifs, savoir ce que cette aventure va leur coûter et leur apporter, combien et comment ils vont souffrir. C’est une motivation qui prend racine en moi et qui ne lâche rien tant que le livre n’est pas sorti.

J’ai toujours plusieurs idées de romans ou séries TV en cours… ça germe, ça pousse, et un projet prend le dessus, comme une urgence prioritaire. Je porte des livres en tête depuis plusieurs années, comme c’est aussi le cas pour beaucoup camarades auteurs d’ailleurs, et ces histoires sortiront quand leur urgence prioritaire fera tout clignoter. À chaque fois que j’écris un roman, c’est une véritable exploration, sur tout ce qui m’entoure et sur moi-même. C’est un peu comme une thérapie qui n’en finira jamais. Je vis avec, et des morceaux sortent quand les livres sont publiés.

L’écriture de vos romans est un long travail de recherche, du réel du concret, pourquoi ?

Là c’est vraiment la passion qui m’emporte, le côté aventure, découvertes, rencontres incroyables et inattendues. Je lis énormément sur les sujets qui me fascinent et je dois faire des choix cornéliens pendant la phase de construction du récit et la phase d’écriture. C’est dur d’abandonner des informations fabuleuses qui méritent, à mon sens, d’être partagées, mais il faut bien laisser la place aux personnages et leurs intrigues pour ne pas déséquilibrer le récit ou l’alourdir d’éléments de recherches.

M’accrocher au concret et au réel c’est une façon de rendre encore plus immersive l’histoire que je raconte. Plus il y a de vrai dans la fiction plus on y croit, d’abord quand j’écris le livre et puis pour les lecteurs ensuite. Et c’est aussi un des meilleurs moyens pour apprendre à connaitre et découvrir des quantités d’univers. C’est vraiment une satisfaction personnelle, d’abord égoïste quelque part, je me fais vraiment plaisir dans l’écriture, et après je me calme, et je tri, pour le bien du roman. De toute façon, l’éditrice est toujours là pour veiller au grain et c’est très bien ainsi.

Qu’est-ce que représente l’écriture pour vous ? Pourquoi le polar ?

L’écriture pour moi est devenue mon activité principale depuis plusieurs années maintenant, à la fois pour les romans, mais aussi en tant que scénariste pour la télévision et les plateformes, comme Netflix, Disney, OCS. J’ai besoin des deux, le roman m’apporte une liberté totale et plus personnelle dans l’écriture, jusqu’au bout de tout ce que je souhaite explorer. Il se passe des choses très personnelles et de l’ordre de l’intime avec le roman. Cette connexion existe moins dans le monde du scénario pour les séries TV, par contre, l’émulation avec mes camarades co-scénaristes, ça, c’est une richesse fabuleuse. La connexion de multiples cerveaux sur des projets en commun c’est la récré. Autant l’écriture de roman pourrait ressembler à enchainer des descentes à vélo, presque sans obstacle, on est maître de tout, alors qu’écrire des séries TV c’est comme monter un escalier en VTT, c’est obstacle sur obstacle, parce qu’on doit faire face à des montagnes d’objections parfois objectives, mais aussi parfois hallucinantes, soit de la part des producteurs soit de la part des diffuseurs (chaines TV ou les plateformes). Nombreux sont les intervenants sur les projets audiovisuels, et les engagements financiers sont importants. Les risques sont plus difficiles à supporter que pour la publication d’un roman. Ce microcosme est dépendant de centaines de règles et de contraintes, mais ce sont des challenges grisants qu’on a envie de relever et de dépasser.

L’écriture pour moi c’est aussi un formidable moyen de partage, à tous les niveaux. Avec les éditeurs, les camarades auteurs, et les lecteurs. Et comme j’aime transmettre, je propose également des ateliers ou masterclass que ce soit pour l’écriture de romans ou de séries TV. Pour les curieux ou passionnés, ils trouveront tout est disponible ici :  MasterClass écriture

Et pour répondre à la question pourquoi le polar ? Je dirai que polar, mais pas que, d’autres sujets arrivent d’ailleurs. Mais pour moi la mécanique du polar, ou plutôt du suspense sous toutes ses formes, c’est un fabuleux parc de montagnes russes émotionnelles. Il y a tout dans cet univers, du frisson à la passion, des crimes à l’amour, de l’aventure aux découvertes incroyables, et on peut même envisager dépasser les limites du réel.

Samuel Delage

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