« Pour créer un héros mémorable, commencez par créer le pire des antagonistes ».
Dan Brown
« Meilleur est le méchant, meilleur est le film ».
Alfred Hitchcock
Vous rêvez de créer un méchant inoubliable, un de ceux qui vont malmener votre héros tant et si bien que votre récit sera un chef-d’œuvre immersif, captivant, et un implacable « page turner ». En dramaturgie, le méchant est plus communément appelé antagoniste. La subtilité est notable, car un antagoniste n’est pas nécessairement un être maléfique, mais il s’oppose à votre héros avec ses convictions, qui de son point de vue sont justifiées. C’est là que se dessine et se construit l’antagoniste qui nous touche le plus, parce que d’une certaine manière, nous sommes amenés à comprendre une partie des raisons qui le pousse à s’opposer à notre héros.
Le méchant, il est fascinant, ne le limitez pas, rendez le puissant et intouchable. Plus vous craignez pour votre héros, meilleure sera l’expérience d’écriture et de lecture. Votre antagoniste va creuser spécifiquement dans les failles du héros jusqu’à le placer face à lui-même et imposer l’affrontement.
Pour que le récit soit marquant, le méchant doit s’inscrire dans les thèmes de votre histoire et en opposition avec la vision du héros. C’est dans l’exploitation de toutes les facettes des thèmes abordés que l’histoire gagne en profondeur et en sens. Le méchant ne peut pas être un opposant sans consistance. Plus il est campé dans les thématiques du récit, plus il existe et plus il est difficile de le vaincre.
À titre d’exemple, un méchant peut avoir le même objectif que le héros. Mais pour atteindre l’objectif, le méchant est prêt à tous les sacrifices.
Souvent, au début du récit, le méchant est déjà à l’apogée de son arche transformationnelle. Ou au moins à une longueur d’avance importante sur le héros. Ce qui fait naturellement de lui le plus fort. C’est sur la base de ce déséquilibre, à priori favorable à l’antagoniste, que toute la tension du récit va naître. Comment votre héros peut-il s’en sortir ?
Dans les longs récits, sagas, ou même séries TV, certains antagonistes rejoignent ou deviennent des héros et combattent de plus grands méchants encore. Ces personnages-là, vous ne les oublierez jamais. Jaime dans Game of Thrones en est un bon exemple.
Tout va reposer sur la méfiance des premières idées qui vous viennent à l’esprit. Souvent il s’agit de caractérisations vues 1000 fois, sans originalité, voire banales, ou, pire, comique. À moins d’écrire dans ce genre, ça ne passera pas auprès des lecteurs.
Une méthode susceptible de vous aider consiste à s’appuyer sur les thèmes du récit et à combiner des profils ou caractéristiques selon les archétypes de personnages.
Il est intéressant d’analyser les grands méchants éternels. Leur complexité peut vous servir afin de remettre en question la puissance de vos méchants en les confrontant. Suivant le genre narratif, cet exercice peut paraître baroque, mais on imaginer un combat entre Dark Vador et Voldemort ou le Joker face à Dracula, ça peut donner des idées. Et un grand méchant immortel ou presque, face à vos méchants, tout à fait mortels, ça donne quoi ? Cette façon de voir les choses vous pousse irrémédiablement à sortir le meilleur de vos idées.
Le méchant doit agir avec sa propre logique, que le lecteur doit pouvoir distinguer et parvenir à comprendre du point de vue de ce personnage. L’antagoniste a ses propres objectifs, enjeux, raisons internes et externes. Plus il est bâti comme un véritable héros, plus il est captivant.
Plus les raisons qui poussent le méchant à s’opposer à votre héros sont sur une ligne de crête, entre le bien ou le mal, plus le lecteur s’intéresse à lui et sera happé par le récit. Est-ce que pour sauver une partie d’un équipage limité par des ressources alimentaires il faut liquider quelques membres ? Votre méchant est prêt à trancher la question. Votre héros fait partie de cet équipage. Il y a déjà des morts, et la vie de la bien-aimée du héros est menacée par cette famine. La situation semble inextricable, et c’est grâce à votre talent d’écrivain créatif que vous allez surprendre le lecteur en faisant germer un implant que vous avez semé quelques chapitres plus tôt. Le héros découvre que l’un des membres ayant trouvé la mort avait provoqué son sort en dissimulant des vivres de façon très risquée. Cette ressource nouvelle permet de tenir quelques jours, mais pas suffisamment pour rejoindre la terre ferme… et un nouveau chapitre commence.
Notez que les meilleurs méchants doivent avoir des caractéristiques capables de les rendre humains. Ainsi, plus proches de nous, ils sont à la fois fascinants et dérangeants, nous nous retrouvons parfois en eux. Ils peuvent chercher à fuir des dangers ou protéger des personnes ou des ressources. Ce sont des sentiments humains très forts.
En creusant encore dans la psychologie du méchant, il est possible de lui apporter une dimension supplémentaire. Tout comme le héros, le méchant doit agir à la fois en conscience, sur la base de ses motivations pour atteindre ses objectifs, mais aussi en agissant de façon inconscience ou instinctive. Le méchant puise dans ce qu’il est, son éducation, sa culture, ses névroses. Le héros peut aussi se servir des failles du méchant quand il parvient à les identifier. Le combat devient alors plus équilibré.
Tout comme le héros, le méchant peut accepter ou refuser ses faiblesses. Il paraît alors évident que s’accepter tel qu’on est peut changer beaucoup de choses.
Tout ce qui sera de nature à être humain dans vos méchants ou dans vos héros, en offrant les conflits les plus forts, offrira la plus grande satisfaction aux lecteurs. Ils ne lâcheront vos livres avant le mot fin.
C’est dans l’histoire et le passé de vos personnages que se forgent les plus fortes caractéristiques. Les backstory parfois traumatisantes assurent le plus fertile des terreaux pour construire un méchant. Mais l’inverse est tout à fait possible. Un méchant issu d’un milieu privilégier, le rendant incapable de comprendre le monde et d’user de tout ce qui est en son pouvoir pour protéger et conserver ce qu’il a ou ses privilèges.
Généralement, une faible partie des backstory figure au final dans le récit, mais ce passé permet d’établir le portrait précis du méchant et son cap à suivre.
Les clés pour humaniser votre méchant sont accrochées au même trousseau que celles de votre héros. Le méchant a droit aux émotions qui flirtent avec l’empathie du lecteur, amour, tristesse. Si votre méchant éprouve ces émotions, suivant les personnages qu’il fréquente dans votre récit, il touchera le lecteur.
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Formation claire, concise et précise.
Objectifs clairs et atteignables. En mettant en pratique les conseils de Samuel, avec deux exercices à réaliser.
Très bonne formation, très complète. Encore merci pour ces précieux conseils !
Si je peux me permettre, j’ajouterais éventuellement une vidéo supplémentaire pour approfondir la partie Plan / Structure d’une intrigue.
Vous pourriez par exemple ici expliquer (en résumé) la célèbre structure « Save the Cat » et ses 15 points clés (ou « beats » en VO) selon Blake Snyder. Et donner à télécharger en bonus une visualisation des 15 points clés par exemple (ou leur liste avec une petite explication de chaque point).
Cela m’a beaucoup aidé pour m’assurer d’avoir une intrigue qui tient la route, tout en restant « drivée » par mes personnages. Mais ce n’est qu’une suggestion bien sûr… 🙂
Encore bravo pour ces précieux conseils !
Les conseils de Samuel sont une mine d’or. Il comprend et motive ses élèves, les accompagnent avec bienveillance et sait se montrer disponible. Un excellent professeur !
Le contenu est précis et progressif, il permet de bien s’approprier la technique et de la déployer dans son propre univers. Très utile ! Le plus : des échanges enrichissants avec Samuel Delage en commentaires. 😉
court, pédagogique et efficace. Très satisfaite de cette masterclass.
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